Top départ ce mercredi pour la période des saints de glace, avec saint Mamert. D’où vient cette croyance populaire et faut-il craindre un retour du froid ? On vous dit tout
La douceur est revenue la semaine dernière, avec un pic de chaleur le jeudi de l’Ascension. Le 5 mai, il faisait 27,3°C à Bordeaux, 29,5°C à Dax, 27,8° C à Brives , 27,7°C à Cognac et 29,7 à Orthez ! On a même enregistré deux records de chaleur dans le Sud-Ouest, en Gironde : 30,3°C à Cazaux et 30°C au Cap-Ferret et sur le bassin d’Arcachon.
Mais, comme chaque année ou presque, l’hiver n’est pas tout à fait fini. Sous nos latitudes, les bouffées de chaleur printanière ne doivent pas faire oublier qu’un retour de bâton, la pluie, le froid, voire même le gel, est toujours possible jusqu’à la fin du joli mois mai, après le dernier jour des saints de glace, le 25. Et ce, même si le réchauffement climatique semble atténuer de tels épisodes.
Qu’en est-il au juste de ce phénomène météorologique habituel, éloigné des préoccupations des urbains mais bien connu des paysans et des jardiniers expérimentés ? Cinq questions pour tout savoir sur les saints de glace.
1. Quels sont les jours des saints de glace ?
11, 12, 13 et 25 mai : Mamert, Pancrace, Servais et Urbain
Avant d’enlever ses chaussettes et de sortir de son placard shorts et tops à bretelles pour y remiser pulls et doudounes, mais aussi de faire ses potées de géraniums, impatiens ou bégonias, de planter tomates, poivrons et melons au potager, ou de sortir sur son balcon ses plantes en pots les plus fragiles, mieux vaut rester prudent et attendre après les saint Mamert (11 mai), Pancrace (12 mai), Servais (13 mai) et Urbain (25 mai). Le risque de gel est en effet toujours possible jusqu’au début du mois de juin,
2. D’où vient cette croyance populaire ?
Mamert, Pancrace, Boniface sont les trois saints de glaces, mais saint Urbain les tient tous dans sa main (Dicton populaire)
Pour entrer dans la légende des saints de glace, il faut remonter à 500 après Jésus-Christ, où l’on trouve les premières traces des croyances liées aux saints Mamert, Pancrace, Servais et Urbain, à l’origine de nombreux dictons. Le 11 mai, saint Mamert introduisait les trois jours des Rogations qui précédaient immédiatement le jeudi de l’Ascension. Lors de ces fêtes religieuses, les paysans se retrouvaient et récitaient, au cours de processions paroissiales, des prières pour protéger les cultures et les plantations et mettre fin aux calamités naturelles.
Sans être vraiment exaucés : le temps se dégradait souvent à la même période, la baisse des températures pouvant aller jusqu’au gel, fatal pour les futures récoltes. Pour les paysans, le patronage des saints qui avaient la réputation d’apporter le froid et la gelée, signait l’ultime sursaut de l’hiver.
Le bon saint Boniface, entre en brisant la glace (Dicton populaire)
Dans certaines régions se rajoutent d’autres saints de glace, comme saint Boniface, célébré le 14 mai en Lorraine, Alsace ou encore en Ligurie (Italie du Nord), saint Yves, le 19 mai et Saint Bernardin, le 20 mai.
Mais vous aurez beau scruter votre calendrier, vous ne dénicherez aucun saint Mamert, Pancrace, Servais ou Urbain… Et c’est normal clomid cena. En 1960, l’Église catholique a décidé de « remplacer » les saints associés aux inquiétudes agricoles par d’autres saints et saintes qui n’auraient aucun lien avec ces croyances populaires, réminiscences de paganisme ancestraux. Voilà pourquoi, dans le calendrier actuel, le 11 mai, on fête les Estelle au lieu des Mamert, le 13 mai, les Achille au lieu des Pancrace, le 14 mai, les Rolande au lieu des Servais et le 25 mai, les Sophie au lieu des Urbain.
3. Y a-t-il une explication scientifique au phénomène ?
Lors de l’apparition de la croyance des saints de glace, une mini-vague de froid printanier apparaissait une année sur deux, au cours du mois de mai, au nord de la Méditerranée où l’on observait alors une chute des températures nocturnes et matinales.
Certains avancent une explication astrophysique et scientifique au phénomène de la quinzaine des saints de glace. Chaque année, à la mi-mai, l’orbite de la Terre arriverait dans une zone de l’espace où les poussières stellaires, plus importantes, feraient obstacle aux rayons du soleil et provoqueraient une baisse significative des températures. Une explication infirmée par le fait que les astronomes ne détectent aucun nuage de poussières de ce type sur la trajectoire de la Terre, même avec des instruments très sensibles comme les miroirs de télescopes spatiaux et les instruments de la Station spatiale internationale.
En réalité, sous nos latitudes moyennes de l’hémisphère Nord où le courant de l’Atlantique Nord et les déplacements de l’anticyclone des Açores provoquent de fortes turbulences, le mois de mai correspond à une période où, si l’hiver est fini, le passage de fronts froids, amenant de l’air du nord, se produit encore de temps à autre. En l’absence de vent, en cas de ciel dégagé, il est normal d’avoir une baisse importante des températures, surtout la nuit, accompagnée parfois de gelées tardives, même si la tendance est à la hausse. Les archives de Météo-France montrent que les températures sont contrastées sur ces périodes, avec des possibilités de gel même en juin.
4. Le changement climatique aura-t-il raison des saints de glace ?
Si les saints de glace ont amplement justifié leur réputation en 2010, avec des gelées éparses le 12 mai, sur la façade atlantique et surtout en Bretagne, Météo-France rappelle que ces périodes, si elles ont été marquées par des froids passagers, ont été peu propices au gel des dernières années.
En 2015, le 10 mai, Sud-Ouest a même connu un épisode de forte chaleur, qui a ensuite gagné tout le pays, des Pyrénées à l’Alsace en passant par le Massif central, les 11, 12 et 13 mai suivants. On a enregistré sur la période des températures maximales de 6 à 12 °C au-dessus des normales saisonnières, avant qu’un net refroidissement ne revienne par l’ouest. Des gelées en plaine ont été observées sur les régions du Limousin à la Champagne, le 21.
5. Y aura-t-il encore des saints de glace en 2050 ?
2013 était la quatrième année la plus chaude depuis le relevé officiel des températures, en 1880. 2015 a été l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées en France et de loin, et l’année la plus chaude à l’échelle du globe depuis la fin du XIXe siècle. 2016 battra-t-elle un nouveau record de chaleur planétaire ? Elle est en tout cas bien partie pour.
Avec des températures moyennes qui ont battu des records de douceur, de l’ordre de 8°C, soit +2,6°C au dessus de la normale saisonnière, l’hiver 2015-2016 a été le plus chaud dans l’Hexagone depuis le début du XXe siècle, selon Météo-France. C’est dans la région, sur le littoral du Pays basque, que les températures hivernales ont été les plus élevées. Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que les saints de glace deviennent des saints de chaleur…
Cette année, selon le site Internet de la Chaîne Météo et les prévisions de Météo-France, du 11 au 13 mai, les températures devraient rester très douces, même si des passages pluvieux les accompagnent, sans risque de gelée en plaine : le mercure ne descendra pas en dessous de 10°C.