Depuis 2001, la superficie des glaciers pyrénéens est passée de 5 km2 à 3 km2, et ils risquent de disparaître d’ici 2050, selon Pierre René, de l’Association pyrénéenne de glaciologie, qui les mesure chaque année depuis quinze ans. Entretien.
En quoi consistent vos mesures des glaciers pyrénéens?
« Il existe une trentaine de glaciers dans les Pyrénées. Le critère, c’est la pérennité, c’est-à-dire quelque chose qui a été là de mémoire d’homme, avec donc une masse importante. (…) Les paramètres mesurés sont longueur, surface, volume. Dans les glaciers des régions tempérées, on fait des mesures physiques, selon un protocole qui est bien défini et répété à l’identique tous les ans. On a choisi neuf glaciers témoins, avec surtout un glacier, le plus grand, avec le plus de données anciennes, qui fait l’objet des mesures les plus poussées: le glacier d’Ossoue, à Vignemale, sur la commune de Gavarnie (Hautes-Pyrénées), entre 2 800 et 3 200 mètres. »
Comment les glaciers ont-ils évolué depuis le début de vos mesures, en 2001 ?
« Une quinzaine de glaciers ont disparu dans les Pyrénées, c’est-à-dire qu’ils sont tellement morcelés, réduits, qu’ils ne font plus partie de l’inventaire. La superficie totale est passée de 5 km² à 3 km². En termes de longueur, en moyenne, ils perdent 10 mètres par an, et en termes d’épaisseur — avec une moyenne sur les deux glaciers principaux, Ossoue et la Maladeta — autour de 1,2 m chaque année. La tendance générale est à la régression, mais comme toujours avec le climat, c’est en dents de scie. On peut noter deux années particulièrement défavorables aux glaciers, 2012 et 2015. Entre les deux, 2013 et 2014, les glaciers se sont pratiquement maintenus.
« Les glaciers vont continuer de diminuer et de disparaître ».
On sait que les glaciers ont été bien plus importants, on a des chiffres autour de 1850. Il y avait une centaine de glaciers et la superficie totale était de 23 km². Le glacier d’Ossoue a perdu 1 km de long par rapport à cette date. C’est difficile d’avoir des éléments sur l’évolution annuelle, précise, de cette période ancienne jusqu’à aujourd’hui, mais on sait quand même que par le passé, ça a fluctué beaucoup, avec des périodes où ils ont énormément régressé comme dans les années 1940 — une période qui est peut-être analogue à ce qu’on a aujourd’hui. Mais, même si aujourd’hui, ce n’est pas un record de vitesse de fonte, il y a quand même une différence : l’activité humaine est mise en cause slovenska-lekaren.com. »
Quelles conclusions peut-on en tirer pour l’avenir ?
« Les glaciers sont le reflet direct de l’atmosphère, puisque la vie d’un glacier résulte des précipitations hivernales et des températures estivales. En termes de précipitations, ce n’est pas facile de dégager des tendances. Par contre, au niveau des températures, on sait que ça augmente, et comme il est prévu que ça continue, les glaciers vont continuer de diminuer et de disparaître. Il est très probable qu’au milieu du XXIe siècle, il n’y ait presque plus de glaciers dans les Pyrénées. »
Source: MIDI LIBRE