Source: Le Nouvel Observateur
La période s’avère « assez exceptionnelle en termes d’intempéries », notent les météorologues, qui pointent un temps digne « d’un mois d’octobre ».
Festival de Cannes sous la pluie samedi, températures quasi-hivernales dans le pays basque et neige à basse-altitude en montagne : la Pentecôte prend cette année des airs de Toussaint et les beaux jours, au regard des prévisions pour les semaines à venir, ne sont pas pour tout de suite besök webbsida.
Précipitations, ensoleillement, températures: aucun indicateur n’est en ligne avec les normales saisonnières, constatent les experts interrogés. « C’est assez exceptionnel en termes d’intempéries », note Gilles Matricon, météorologue à Météo Consult. La météo est davantage digne « d’un mois d’octobre », renchérit Michel Daloz, prévisionniste à Météo France. Les températures sont actuellement inférieures de « 3 à 5°C » à la normale, et même de 7°C à Bordeaux, souligne ce dernier. Sur les cinq premiers mois de l’année, la moyenne de la température est la plus fraîche depuis 25 ans. A Pau, par exemple, on n’a pas dépassé samedi les 10°C, alors qu’il avait fait 30°C le 17 avril, selon MétéoConsult.
« Des conditions hivernales »
Ce n’est pas mieux au rayon précipitations : il est tombé samedi à Biarritz, au pays basque, l’équivalent de plus d’un mois de pluie (137 mm), idem à Cannes, au grand dam des festivaliers, (72 mm en 36 h), a mesuré Météo France. Dans le Sud-Est, la pluie a aussi entraîné le report du match de Ligue 1 Nice-Lyon et l’annulation de deux corridas à Nîmes. La vigilance orange au risque de crue sur l’Argens, un fleuve côtier situé à proximité de Fréjus dans le département du Var, a toutefois été levée dimanche.
Exceptionnelles également, des chutes de neige à altitude relativement basse en montagne (à partir de 1.500 m en moyenne voire plus bas), dans les Alpes du sud, les Pyrénées mais aussi le Massif central. En Savoie, 7 cols routiers sont restés fermés en raison de la neige et du risque d’avalanche, et six en Haute-Savoie, alors qu’ils rouvrent habituellement « fin avril-début mai », selon le Centre régional d’information et de coordination routière (CRICR) de Rhône-Alpes. « Nous sommes dans des conditions hivernales », confirme Pierre Vray,météorologiste au centre de prévision des avalanches de Météo France basé près de Grenoble, en estimant qu’il « faut remonter dix ans en arrière pour trouver une situation équivalente dans les Alpes ». Dans les Pyrénées, le mauvais temps se traduit aussi par un enneigement inhabituellement tardif. En début de semaine on comptait encore 10 mètres de neige dans le dernier lacet du col du Tourmalet.
« Plus de chances d’avoir un été correct que le contraire »
Comment s’explique ce mauvais temps ? C’est la faute à une dépression durablement installée et qui « tourne comme une toupie folle sur la France », selon les termes de Michel Daloz. Les nuages, porteurs de pluie et d’air froid, s’enroulent autour de cette dépression en remontant ce dimanche sur le Nord après avoir noyé le Sud. Conséquences : on attend un temps « pluvieux et humide jusqu’à mercredi » sur le Nord, pronostique Gilles Matricon. Météo France n’est pas plus optimiste : ses prévisions ne laissent entrevoir « aucune amélioration » d’ici fin mai ou début juin.
L’été sera-t-il forcément gris ? « La plupart du temps, les printemps pourris ne sont pas suivis d’été formidables », assure Météo Consult, mais des exceptions sont possibles comme en 1983 : « il avait beaucoup plu en avril et mai, mais cela avait été suivi par un mois de juillet très chaud, mais aussi très orageux ».
Météo France se veut plus prudent, ne faisant pas de lien entre lamétéo du printemps et celle de l’été. « On n’en sait rien », reconnait Michel Daloz. A défaut de prévisions scientifiquement étayées, il s’en remet davantage aux probabilités mathématiques pour dire que, après un été 2012 moyen et un printemps froid, « on a plus de chances d’avoir un été correct que le contraire… »